La santé mentale des Français toujours dégradée en 2023

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10.10.2023

Depuis septembre 2020, c’est une tendance constante dans le sillage de la pandémie : la santé mentale des Français, notamment celle des jeunes de 11 à 24 ans, est toujours dégradée en 2023.

C’est ce qu’a révélé Santé publique France pour la Journée mondiale de la santé mentale.

L’isolement, les angoisses dans l’intimité des confinements ont été à l’origine de nouvelles souffrances. Ce qui a conduit Santé publique France à mener plusieurs enquêtes. Selon celle réalisée en septembre 2021 :

  • 23% des Français montrent des signes d’un état anxieux (+10 points) ;
  • 15% montrent des signes d’un état dépressif (+5 points par rapport au niveau hors épidémie) ;
  • 10% ont eu des pensées suicidaires au cours de l’année (+5 points).

Plus généralement, les constats sur la santé mentale de la population sont alarmants, selon les chiffres publiés aux Assises :

  • 64% des Français ont déjà ressenti un trouble ou une souffrance psychique ;
  • 15% des jeunes en France connaissent un épisode dépressif caractérisé entre 16 et 25 ans ;
  • le suicide est la deuxième cause de mortalité pour les 10-25 ans (après les accidents de la route) ;
  • les Français sont les plus grands consommateurs au monde de psychotropes

Les jeunes en première ligne

Le bouleversement de la vie quotidienne par la crise du Covid-19 et les confinements successifs ont mis en lumière les souffrances psychiques. Une personne sur cinq est touchée chaque année par un trouble psychique, soit 13 millions de Français. Le taux de suicide en France est l’un des plus élevés des pays européens de développement comparable.

43 % des étudiant·e·s présentent des signes de détresse psychologique, tandis que 36,6 % ont déclaré des symptômes dépressifs, dépassant ainsi largement les chiffres de la population générale, établis à 21,1%.

Face à ce constat, il apparaît qu’une corrélation préoccupante existe entre le bien-être mental et l’activité physique alors que les jeunes et les étudiant·e·s adoptent de plus en plus des comportements sédentaires. En effet, d’après une enquête initiée par l’ANESTAPS avec l’ONAPS de janvier 2023, en moyenne, un·e étudiant·e passe huit heures par jour en comportement sédentaire à l’université, et 58 % d’entre eux ne pratiquent pas d’activités physiques et sportives, souvent en raison de contraintes universitaires. De plus, l’inflation économique affecte également notre capacité à maintenir un mode de vie actif, avec 24 % des Français·e·s ayant renoncé à la pratique sportive pour des raisons financières, selon un sondage Odoxa/RTL.

Une situation qui a incité Nightline (association œuvrant pour l’amélioration de la santé mentale des jeunes en agissant à l’échelle individuelle, collective et sur l’écosystème des étudiants) à signer un partenariat avec la Fédération Française de Sport Universitaire, dans le cadre de la campagne tetelapremière.fr. Avec Tête la Première, Nightline souhaite passer le message que si prendre soin de sa santé mentale est souvent perçu comme secondaire, c’est en fait absolument crucial et cela peut être vu comme une priorité. À travers une série de témoignages et d’interviews exclusives publiés sur le site internet de la campagne tetelapremiere.fr et sur les réseaux sociaux, l’objectif est de permettre à chacun·e de s’identifier.

Des besoins de soins pour un enfant sur six

Deux études publiées le 20 juin 2023 s’intéressent aux troubles mentaux des enfants. Pour Santé publique France, 13% des 6-11 ans seraient atteints d’un trouble probable de santé mentale. Pour les services statistiques du ministère de la santé (Drees), près d’un mineur sur six présente des difficultés psychosociales entre 3 ans et 17 ans.

Les premiers résultats de l’étude nationale sur le bien-être des enfants (Enabee), relayée par Santé publique France s’intéresse aux enfants âgés de 6 ans à 11 ans.

L’étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) est, pour sa part, axée sur la détresse psychologique, aggravée par la crise sanitaire, dont souffre une minorité grandissante d’enfants et d’adolescents. L’étude est basée sur les réponses de 20 127 parents au questionnaire transmis dans le cadre de l’enquête épidémiologique et conditions de vie liées au Covid-19 (Epicov).

Le facteur familial et le niveau de vie jouent un rôle important. Au cours des 15 mois après le premier confinement, 12% des garçons et 13% des filles âgés de 3 ans à 17 ans ont recouru à un professionnel de santé pour un motif psychologique. La proportion des filles de 15 ans à 17 ans qui ont consulté est en hausse.

Selon la Drees, le principal facteur associé aux difficultés psychosociales de l’enfant concerne la santé mentale du parent répondant. Les parents présentant des syndromes anxio-dépressifs et ceux qui manquent de soutien social estiment plus souvent que leur enfant présente des difficultés. Les parents moins éduqués, immigrés ou descendants d’immigrés d’origine extra-européenne ont moins tendance à percevoir des difficultés pour leur enfant.

Par ailleurs, le niveau de vie joue un rôle particulièrement important. La part d’enfants qui présentent des difficultés émotionnelles, comportementales, relationnelles et attentionnelles importantes est plus élevée au sein des ménages les moins économiquement aisés (13% pour les 20% des ménages les moins économiquement aisés, contre 7% chez les 20% les plus aisés).

Enfin, un temps élevé d’exposition aux écrans et un faible temps pour la lecture et les activités physiques apparaissent comme des déterminants aux difficultés psychosociales des enfants.

Hausse vertigineuse des pyschotropes

Face au manque d’offre de soins, des dizaines de milliers de jeunes se voient prescrire des antipsychotiques, antidépresseurs ou des psychostimulants. Pour la seule année 2021, la consommation d’anxiolytiques chez les enfants et les adolescents a augmenté de 16% en France. Celle d’antidépresseurs est en hausse de 23%.

Les données de l’Assurance maladie entre 2014 et 2021 montrent une hausse vertigineuse des consommations de psychotropes. Celle des antipsychotiques augmente de 48 %, 62 % pour les antidépresseurs, 78 % pour les psychostimulants et jusqu’à 155 % pour les hypnotiques et sédatifs.

La surmédication des jeunes devient un phénomène massif selon Sylviane Giampino, présidente du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge : 

On est quand même arrivé à un niveau de prescription de psychotropes sur presque 5% de la population pédiatrique. Si on se réfère aux Etats-Unis, ils sont à 7%, mais nous ne sommes pas les Etats-Unis, nous avons un système de santé, un système de protection sociale qui est d’une autre nature.

Parmi les psychotropes les plus utilisés, le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge, s’inquiète particulièrement de la prescription pour des enfants de médicaments destinés aux adultes comme des antiparkinsoniens, des hypnotiques ou des antidépresseurs. Des prescriptions parfois avant l’âge de six ans et sur des durées particulièrement longues. Les enfants les plus jeunes sont ceux pour lesquels les durées de prescription sont les plus longues.

Des prescriptions hors diagnostics ou dans le cadre d’autres diagnostics psychiatriques. L’étude relève aussi des co-prescriptions nombreuses et le non-respect des règles de prescription par des médecins spécialistes.

L’impact du sommeil

L’altération de la santé mentale est liée à la détérioration du sommeil. Les troubles anxiodépressifs modifient le comportement des personnes déjà atteintes à l’égard de leur sommeil.

À l’inverse, les troubles du sommeil ou de l’horloge biologique peuvent être à l’origine de troubles psychiatriques et constituent un excellent baromètre de l’humeur.

  • 30% des personnes dépressives souffrent d’insomnies et 23% des insomniaques souffrent de dépression
  • 35% des personnes anxieuses souffrent d’insomnies et 54% des insomniaques souffrent d’anxiété
  • 25% des personnes anxieuses souffrent d’un trouble du rythme veille/sommeil et 45% des personnes ayant un trouble du rythme veille/sommeil souffrent d’anxiété.

Les femmes et les jeunes sont plus sujets à l’anxiété (et aux troubles du sommeil) que le reste de la population.

L’éco-anxiété est impliquée dans la hausse de l’insomnie chez les jeunes adultes et en particulier chez les personnes anxieuses et dépressives.

Le santé mentale et physique se sont détériorées depuis 2022

22% des Français déclarent que leur santé mentale s’est détériorée par rapport à 2022

++ Connaissance très faible en santé 45%

++ 18-34 ans 28%

++ Femmes 27%

— Hommes 17%

19% déclarent que leur santé physique s’est détériorée par rapport à 2022

++ Connaissance très faible en santé 37%

++ 65 ans 24%

++ Maladie(s) chronique(s) 30%

++ Handicap(s) 31%

++ Concernés par 6 maux du quotidien 29%

++ Femmes 23%

— Hommes 15%

Jeunes 18-34 ans : ++ Santé physique (58%) & mentale (67%) s’est détériorée vs 2022

Renoncement aux soins pour 45 % des Français

Enquête Toluna Harris Interactive, mars 2023

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