La femme, avenir de la nutrition sportive

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24.02.2024

Cette année, un évènement d’ampleur internationale prend place à Paris : Les Jeux Olympiques. Des athlètes du monde entier se retrouveront dans la capitale française pour démontrer leurs performance sportives, fruit de longs mois de préparation.

Bien que l’entraînement en soit la composante majeure, le suivi nutritionnel est essentiel pour une optimisation de la performance et de la récupération des athlètes. Pour autant, la nutrition sportive n’est que trop peu pensée en phase avec les besoins spécifiques de la sportive féminine. En cause, le manque de données à disposition…

En effet, seulement 9% des recherches scientifiques menées chez les athlètes se sont exclusivement intéressées aux femmes[1]. Pourtant, le nombre de femmes pratiquant une activité sportive régulière ne cesse de croître et a même doublé en France ces 5 dernières années [2].

Si la nutrition sportive n’est pas une nouveauté, l’adapter au cycle féminin en est une.

Evalué à 40 milliards de dollars en 2021, avec une croissance prévue de 8,5% de 2022 à 2030 selon Grand View Research, la prise en considération de l’athlète en tant que femme offre désormais de nouvelles opportunités au marché de la nutrition sportive.

La femme sportive et ses spécificités

Quelles soient amatrices ou professionnelles, les femmes présentent des spécificités qu’il est nécessaire de prendre en compte afin de leur proposer un accompagnement optimal dans le cadre de leur pratique sportive.

1/ Outre les besoins en nutriments générés par la pratique de l’activité physique, les femmes présentent déjà initialement des particularités physiologiques par rapport aux hommes conditionnant certains de leurs besoins nutritionnels de base. En période de règles, les femmes ont par exemple tendance à présenter un risque d’anémie accru lié à leurs pertes de sang. Ce ne sont pas moins de 20 à 40% des femmes canadiennes et américaines qui présenteraient ainsi un taux de ferritine inférieur à la normale[3]. Le risque d’anémie est pratiquement inévitable dans le cas de règles abondantes ou de plus de cinq  jours et se trouve accru, de surcroît, chez les femmes sportives.

2/ La littérature scientifique a également mis en évidence des différences métaboliques entre hommes et femmes par rapport à leur pratique sportive, nécessitant un ajustement des apports nutritionnels qui soient spécifiques aux athlètes féminines[4]. Par exemple, du fait de leur taux de masse grasse généralement supérieur à celle des hommes, celles-ci ont tendance à présenter une dépense d’énergie plus faible que les hommes, mais avec une bien meilleure oxydation des lipides au cours de l’effort[5].

Dans le cadre de la prise en charge de l’athlète féminine, le statut hormonal ovarien (prise de contraception hormonale ou phases du cycle menstruel dans le cadre d’un cycle naturel) est généralement négligé. Pourtant, le statut hormonal des femmes impacte à la fois leur profil physiologique et métabolique générant des besoins nutritionnels particuliers qui, s’ils ne sont pas pris en compte et couverts correctement, pourront nuire à leur santé, leur bien-être et à leur performance physique. Et c’est sans compter sur les symptômes liés au cyle hormonal qui peuvent également altérer leur pratique sportive…

En effet, selon des études exploratoires auto-reportées menées auprès de sportives de tous niveaux, entre 78 et 90% d’entre elles ne prenant pas de contraception hormonale ont déclaré ressentir des symptômes prémenstruels, impactant leur performance, leur pratique sportive et leur santé mentale[6]. De nombreux symptômes sont perçus à diverses intensités, dont les plus courants sont les crampes abdominales (53 à 90%), la fatigue (57 à 84%), le manque d’énergie (82%), les fringales alimentaires (85%) ou encore les ballonnements (82%)[7]. Des effets secondaires liés à la prise d’une contraception hormonale ont également été reportés par 40% des sportives interrogées dans la cadre de cette étude rapportant une diminution de leurs performances physiques et mentales.

Mesurées de manière plus objective, les variations hormonales liées aux différentes phases du cycle menstruel impacteraient la prise alimentaire ainsi que la dépense d’énergie et l’utilisation des lipides et glucides, aussi bien au repos que pendant la phase d’effort.[8] Des chercheurs et experts scientifiques ont ainsi pu établir des conseils de planification d’entrainements destinés aux sportives et à leurs coachs. Bien qu’il s’agisse d’exemples généraux et que les sportives présentent des variabilités intra- (entre les différents cycles chez une même femme) et inter- (entre les différentes femmes) individuelles importantes, ces propositions de programmes restent des pistes intéressantes pour optimiser les phases d’entrainements et de récupération des athlètes féminines[9]. Ainsi, lors de la Coupe du Monde de Football de 2019, les joueuses de l’équipe nationale américaine suivaient toutes un programme d’entraînement et un régime alimentaire adaptés à leurs règles. Une approche initiée par l’entraîneuse Dawn Scott dès 2016 et documentée par les travaux de recherche du Docteur Georgie Brunvels, à l’origine du déploiement de l’application Fitr Woman, dédiée au coaching d’athlètres féminines. Pour mémoire, ce sont les Américaines qui ont remporté le trophée cette année-là….

Les points de vigilance nutritionnelle à couvrir chez la femme sportive

Les apports énergétiques doivent être augmentés pour équilibrer les dépenses accrues du fait de la pratique sportive. La balance énergétique de nombreuses sportives présente fréquemment des déséquilibres, notamment dans le cadre de sports à catégorie de poids (haltérophilie, sports de combat), d’endurance (cyclisme, aviron, course à pied) ou encore artistiques (danse classique, gymnastique), du fait d’une alimentation insuffisante (manque d’apports énergétiques) et/ou d’une forte charge d’entrainement (excès de dépenses)[10]. Ces problématiques liées à des apports alimentaires inadéquats ne sont pas sans conséquences sur la santé des sportives. Elles risquent ainsi de développer un déficit énergétique chronique (le déficit énergétique relatif dans le sport ou RED-s), pouvant engendrer des troubles du cycle menstruel, augmenter le risque de blessure, la fatigue et réduire les performances.

Au-delà du déficit énergétique, de récentes revues scientifiques mettent en avant des manques fréquents chez les athlètes féminines, notamment en protéines, glucides, lipides, fer, vitamine B, vitamine D et calcium11. De plus, l’hydratation est souvent négligée chez de nombreuses sportives. Sensibiliser les athlètes féminines et leur proposer une offre adaptée pour limiter les risques de déficiences en énergie, en certaines vitamines et minéraux ainsi que leur niveau d’hydratation, apparait ainsi essentiel pour optimiser leur statut nutritionnel.

L’optimisation de la santé, de la performance et du bien-être de la femme sportive nécessite donc une approche multifactorielle tenant compte à la fois des spécificités féminines mais aussi des besoins, notamment métaboliques et nutritionnels, de sa pratique physique12.

Par la combinaison des besoins nutritionnels liés au sport, d’une part et spécifiques aux femmes, d’autre part, il est possible de cibler certains nutriments pour lesquels il serait intéressant de se focaliser dans un premier temps.

Optimiser la couverture nutritionnelle chez les sportives (Source : NutriFizz)

Les symptômes prémenstruels et menstruels étant perçus comme des freins à la pratique sportive par de nombreuses athlètes féminines, il serait également intéressant de réfléchir à des aliments et/ou ingrédients permettant de réduire les symptômes les plus couramment déclarés. Valoriser des aliments et ingrédients riches en vitamines et minéraux ciblés permettrait de contribuer à combler les besoins nutritionnels, mais aussi à la réduction de certaines douleurs ou à l’amélioration du bien-être. Certaines plantes ayant des propriétés en lien avec les maux de ventre, de tête ou la régulation hormonale pourraient enfin aider à réduire des symptômes du cycle menstruel.

Optimiser la nutrition des sportives au service de leur bien-être et de leur performance

Des mentions valorisantes en lien avec la composition nutritionnelle d’un aliment et /ou l’effet santé d’un composant d’un aliment peuvent être apposées sur tout type de denrée alimentaire présentant des valeurs nutritionnelles ou des quantités minimales requises de certains d’ingrédients, à la condition de figurer sur la liste des allégations nutritionelles et de santé autorisées au sein de l’Union Européenne. Parmi les allégations nutritionnelles et de santé existantes, certaines sont explicites quant à leurs effets supposés chez les femmes comme « La vitamine B6 contribue à réguler l’activité hormonale ». Il existe par ailleurs d’autres allégations nutritionnelles et de santé moins explicites par rapport à la santé féminine mais pouvant, soit se référer à des besoins nutritionnels qui leur sont spécifiques, soit être implicitement reliées à des symptômes menstruels ou prémenstruels connus comme par exemple « Source de / Riche en fer » – « Le fer contribue à réduire la fatigue ».

Il existe par ailleurs des allégations autorisées concernant l’optimisation de la pratique sportive comme « Les solutions de glucides et d’électrolytes contribuent à maintenir la performance au cours d’un exercice d’endurance prolongé ».  En revanche, aucune allégation de santé spécifique aux sportives n’est actuellement autorisée. Cela n’exclut pas que de futures demandes d’allégation soient déposées si tant est que le bénéfice santé escompté soit justifié et prouvé par un dossier scientifique à l’appui…

Au-delà des allégations de santé reliées à un contenu en nutriments, il existe des allégations en lien avec des ingrédients végétaux tels que les plantes qui bénéficient à l’heure actuelle d’un statut particulier d’utilisation possible au niveau européen en l’attente de leur évaluation scientifique par l’AESA. A titre d’exemple, le gattilier (Vitex agnus-castus) est entre autres associé à l’allégation « Aide à maintenir un bien-être physiologique pendant le cycle menstruel ». Les allégations de santé associées à des plantes en lien avec le cycle menstruel sont souvent plus explicites. Elles répondent également à une demande grandissante de naturalité et de durabilité dans la composition des produits mis sur le marché, en particulier par la grande proportion de consommatrices de compléments alimentaires en France. Par ailleurs, la DGCCRF a récemment fait évoluer sa doctrine concernant un certain nombre de termes qui ne sont plus identifiés comme thérapeutiques actuellement en France, par exemple « maux de tête » ou « crampes abdominales ». Ces nouvelles possibilités peuvent permettre aujourd’hui une communication plus ciblée concernant des produits positionnés au sujet de la santé féminine… Faut-il encore qu’il s’agisse d’ingrédients disposant effectivement d’allégations plantes en attente d’évaluation par l’AESA ET d’un dossier scientifique à l’appui justifiant de la dose utilisée pour l’effet escompté !

La sélection d’ingrédients et de produits sur le marché pour une meilleure prise en compte de la nutrition sportive au féminin

Si le marché de la santé féminine est actuellement en plein essor, l’offre de produits à base de gattilier déjà disponibles, les produits alliant à la fois nutrition sportive ET santé féminine sont quasi-inexistants.

Les produits à base de Gattilier :

Certains produits pour sportifs actuellement sur le marché mettent en scène des femmes au niveau marketing, en face avant de packaging par exemple, mais sans que la formulation des produits ni les allégations nutritionnelles et de santé en regard ne leur soient spécifiquement adaptées … Le marché de la nutrition sportive au féminin reste donc à développer !

A une exception près peut-être… et une exception française !

Développées pour les sportives, les « raw » barres Fempower sont les premières barres énergétiques conçues pour soutenir les femmes dans leur pratique sportive pendant leurs règles : Nourrissez votre cycle, Carburez votre performance ! Soutenu par l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) et documenté par des travaux de recherche scientifique, Fempower contient du fer micro-encapsulé à hauteur de 2,4 mg. Cet apport en fer est particulièrement intéressant quand on sait que la carence en fer, déjà fréquente chez les femmes dans le cadre de leurs règles, est aggravée chez la femme sportive. La carence en fer touche entre 15 à 35% des sportives et compromet la performance et le bien-être13.

Des pistes d’innovation pour l’avenir

Pour suivre l’exemple de ce produit pionnier sur le marché de la nutrition sportive au féminin, certains axes de développement des marchés de la nutrition sportive et du complément alimentaire peuvent dès à présent inspirer des pistes de d’innovation à suivre à ce sujet, comme par exemple :

1 / L’importance du format de produit mais également sa qualité gustative.

En effet, la place apportée à l’usage et à la praticité ainsi que le besoin d’une certaine dose de réconfort explique le développement particulièrement prononcé de galéniques innovantes spécifiquement en lien avec la santé féminine. Les problématiques de bien-être et de confort étant récurrentes et diversifiées au cours de la vie d’une femme, la compliance représente donc un enjeu majeur pour s’assurer de l’efficacité des solutions proposées. Des produits présentant un arrière-goût ou engendrant une quelconque difficulté à être consommés (texture en bouche, déglutition …) nuisent donc à leur consommation au long cours et présentent plus de risques d’être délaissés à terme… Et c’est d’autant plus le cas dans le cadre de la pratique sportive où il faut disposer en plus de produits pratiques à emporter partout !

La « foodisation » des compléments alimentaires (comme c’est le cas avec les gummies pour inciter les enfants à consommer leurs vitamines…) mais également des produits de Nutrition Sportive (pâte à tartiner, préparations pour pancakes, energy balls…) prend donc alors tout son sens pour favoriser la consommation des produits dans le temps, en jouant sur l’aspect hédonique, ludique et le plaisir gustatif en prime.

2 / Le recours aux ingrédients brevetés pour s’assurer d’une solution naturelle ET efficace, comme l’extrait de safran Safr’Inside™ d’Activ’Inside par exemple, seul extrait de safran encapsulé qui propose la plus haute concentration en safranal pur ou encore comme l’extrait de spiruline Spirulysat®, développé par Algosource permettant de bénéficier d’un apport en fer végétal et sous format liquide hautement concentré en phycocyanines ayant démontré son intérêt dans le cadre de la lutte contre l’anémie.

Le champ des possibles en nutraceutique pour accompagner les sportives dans l’optimisation de leur performance et de leur bien-être n’en est qu’à ses débuts et nécessite d’être soutenu par l’acquisition de connaissances toujours plus à la pointe concernant la physiologie et le métabolisme spécifique de la femme sportive. A suivre de près les travaux de recherche du Laboratoire AME2P, spécialisé dans le suivi des adaptations métaboliques à l’exercice en conditions physiologiques et  pathologiques à Clermont-Ferrand et notamment, les études cliniques menées auprès d’athlètes de haut niveau par Sarah BAGOT14, encadrée par David THIVEL et Laurie ISACCO en partenariat avec le bureau d’études scientifiques en Nutrition-Santé, NutriFizz.


[1] Paul et al. Am J Sports Med. 2022

[2] Baromètre national des pratiques sportives, rapport d’études du Crédoc, Injep, mars 2023.

[3] Chatard et al. Sport Med. 1999

[4] Jagim et al. Nutrients. 2018 ; Tarnopolsky. Can J Appl Physiol. 2000

[5] Carter et al. Am. J. Physiol. 2001

[6] Mkumbuzi et al. Sci Med Footb. 2022 ; Ekenros et al. Front Physiol. 2022

[7] Hantsoo et al. Arch Womens Ment Health. 2022 ; Pinel et al. J Sport Sci. 2022

[8] Isacco et al. Sports Med. 2012

[9] Ref conseils pour coachs d’Elliott Sale

[10] Rogan & Black, 2022, Dietary energy intake across the menstrual cycle: a narrative review

11 Holtzman & Ackerman. Sports Med. 2021

12 Pitchers & Elliott-Sale. Training Female Athletes. 2021

13 Holtzman et al, Recommendations and Nutritional Considerations for Female Athletes: Health and Performance, 2021

14 Bagot S, Pélissier L, Pereira B, Chanséaume Bussiere E, Duclos M, Dulloo A, Miles-Chan J, Charlot K, Boirie Y, Thivel D, Isacco L. Obes Rev. 2024 Feb;25(2):e13658. Weight regain, body composition, and metabolic responses to weight loss in weight cycling athletes: A systematic review and meta-analyses.

Article rédigé par Nutrifizz

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