🔒 COGNITION: la science, driver du marché 

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23.01.2023

Les consommateurs un peu partout dans le monde veulent amĂ©liorer leurs fonctions cognitives, leurs capacitĂ©s mĂ©morielles – et « éviter » notamment les  pertes de mĂ©moire. Paradoxe : c’est bien avant que la demande soit forte et les attentes des consommateurs soient importantes que les fournisseurs d’ingrĂ©dients se sont engagĂ©s dans une « vraie » recherche. Vous avez dit dĂ©fricheurs ? Clairement oui.  

La psychonutrition est particulièrement sur le devant de la scène. Parce que stress de la vie quotidienne, parce que vieillissement de la population. Parce que l’alimentation influence notre santĂ© mentale. Dont le dĂ©clin cognitif. RĂ©sultat d’une inflammation chronique Ă  bas bruit, ce dĂ©clin inĂ©luctable est inscrit dans une trajectoire cognitive. Le dĂ©clin cognitif est accĂ©lĂ©rĂ© lorsque trois facteurs de risques conjuguent leurs effets : l’activitĂ© physique, les troubles mĂ©taboliques et l’alimentation, comme l’ont rappelĂ© Anne-Laure Dinel (laboratoire Nutri Neuro / Inrae – UniversitĂ© de Bordeaux, manager de la cellule de transfert NutriBrain) et David Gaudout (co-fondateur d’Activ’Inside, en charge de l’innovation) en introduction de la confĂ©rence « Les diffĂ©rents Ă©tats du cerveau » du dernier congrès Nutriform’Business Days (juin 2022). Si l’on se concentre sur l’obĂ©sitĂ© – rĂ©sultat d’une absence d’activitĂ© physique et de troubles mĂ©taboliques-, elle reprĂ©sente une situation de vieillissement accĂ©lĂ©rĂ©e, qui se traduit par une accĂ©lĂ©ration de l’apoptose et de l’autophagie​, avec des effets similaires Ă  ceux du vieillissement sur le stress et l’hypertension. Et au niveau de la cognition, un dĂ©clin 22,5% plus rapide chez sujets âgĂ©s de plus de 55 ans obèses par rapport Ă  des sujets de poids normal.  

L’alimentation, source d’inspiration pour la science 

Quant Ă  l’alimentation, plus Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques ont montrĂ© son influence. Exemple avec le rĂ©gime mĂ©diterranĂ©en qui a pour impact une diminution de 21 % du risque de dĂ©velopper des troubles cognitifs, de 40 % du risque de maladie d’Alzheimer, de 33 % du risque de dĂ©pression. Tout en augmentant la longĂ©vitĂ© et en diminuant le risque de maladies cardiovasculaires. Quid du rĂ©gime DASH (Dietary Approach to Stop Hypertension) dĂ©veloppĂ© en 1990 par le National Institute oh Health US pour prĂ©venir l’hypertension et fondĂ© sur une alimentation pauvre en sodium ? Le suivi Ă©pidĂ©miologique aux USA de 6 425 personnes a montrĂ© une diminution de 28 % du risque de dĂ©ficience cognitive lĂ©gère (Mild Cognitive Impairment – MCI) ; et sur une cohorte de 923 personnes, le risque de maladie d’Alzheimer Ă©tait diminuĂ© de près de 40 %. Quant au rĂ©gime Mind (mix des diètes mĂ©diterranĂ©enne et DASH), le Rush Memory Aging Project, qui a suivi pendant cinq ans 960 participants, a montrĂ© un plus lent dĂ©clin cognitif associĂ© Ă  un plus faible risque de maladie d’Alzheimer.  

Pour optimiser la trajectoire cognitive, il est donc prioritaire d’augmenter la qualitĂ© neuro-nutritionnelle de son alimentation.  

Une des recommandations est de privilĂ©gier la consommation d’omĂ©ga 3, pour atteindre les niveaux recommandĂ©s : 250 mg / j de DHA et 500 mg / j de DHA et EPA. Des apports qui ne sont quasiment jamais atteints dans le monde – Ă  l’exception de la Norvège, du Groenland et de l’Etat d’Alaska – en France, la consommation moyenne couvre respectivement 54,8 et 47,6 % des ANC… 

Chez l’Homme, une association entre la consommation d’AGPI n-3 LC et un ralentissement du dĂ©clin cognitif​ a Ă©tĂ© mise en Ă©vidence. Des Ă©tudes expĂ©rimentales montrent un effet bĂ©nĂ©fique du DHA sur la mĂ©moire et la dĂ©pression.  

Le projet collaboratif Brain Booster auquel a participĂ© Anne-Laure Dinel a mesurĂ© l’effet d’omĂ©ga 3 associĂ©s Ă  des peptides de faible poids molĂ©culaire. C’est la sociĂ©tĂ© Abyss Ingredients qui a portĂ© le projet pour tester ses peptides Mnemosyss®. Principaux rĂ©sultats enregistrĂ©s : amĂ©lioration de la mĂ©moire Ă  court et Ă  long terme​ et de la rĂ©activitĂ© au stress​ ; diminution de la rĂ©activitĂ© microgliale​ et de la neuro-inflammation. ​Ce qui montre l’existence d’une synergie entre les AGPI n-3 LC et les peptides de petits poids molĂ©culaires.  

CarotĂ©noĂŻdes, polyphĂ©nols, terpènes 

Une association inverse entre la consommation de carotĂ©noĂŻdes et de polyphĂ©nols spĂ©cifiques et les symptĂ´mes de la dĂ©pression ​a Ă©tĂ© montrĂ©e via des Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques. Elle est corrĂ©lĂ©e avec des biomarqueurs plasmatiques et repose sur les propriĂ©tĂ©s antioxydantes et anti-inflammatoires ​des carotĂ©noĂŻdes et des polyphenols. L’intĂ©rĂŞt des terpènes (via l’aromathĂ©rapie qui est une autre manière d’aborder les problĂ©matiques liĂ©es Ă  la cognition) sur l’anxiĂ©tĂ© et la dĂ©pression a Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©crit. Notamment une molĂ©cule, le safranal.  

Le safran justement : il contient des terpènes, des carotĂ©noĂŻdes et des polyphĂ©nols. sujets (ils ont montrĂ© l’efficacitĂ© d’extraits de safran sur des personnes dĂ©pressives versus des mĂ©dicaments type Prozac), avant de prĂ©ciser que Activ’Inside Ă©tant dans le domaine des complĂ©ments alimentaires, « nous ne travaillons pas sur la dĂ©pression ».  

Sur le stress en revanche, des actions ont Ă©tĂ© montrĂ©es sur le stress aiguĂ«.  

Concernant les polyphénols – les flavonoïdes notamment, une étude de 2007 a montré que les plus forts consommateurs de flavonoïdes avaient un déclin cognitive moins marqué. D’où l’idée d’un programme de recherche, Neurophenols, qui a montré via une étude clinique que « chez des personnes ayant en moyenne 65 ans, mais avec un âge cognitif d’une personne de 75 ans, il est possible au bout de six mois de faire revenir ces personnes à un âge cognitif de 65 ans ». Une autre étude (2018-2019) a montré qu’en fonction de l’apport de certains polyphénols il y a une corrélation entre leur consommation et l’apparition de la maladie d’Alzheimer. « Nous ne sommes plus dans l’anecdote, mais vraiment dans la prévention », souligne David Gaudout.  

Anne-Laure Dinel a soulignĂ© qu’il est important, dans la prĂ©vention du dĂ©clin cognitif, de « ne plus penser la nutrition par nutriments, mais en rĂ©flĂ©chissant sur la synergie des nutriments au sein d’un produit ». Pour potentialiser l’effet des nutriments. « Nous avons montrĂ© au sein de notre laboratoire que certains probiotiques amĂ©liorent l’accrĂ©tion des omega 3 dans les membranes des cellules neuronales, mĂŞme si intuitivement cela ne nous semblait pas Ă©vident ».  

A noter, que de plus en plus d’élĂ©ments font penser que les dysbioses au niveau de l’intestin pourraient ĂŞtre impliquĂ©es dans les maladies neuro-dĂ©gĂ©nĂ©ratives. Des collaborations sont en cours avec des Ă©quipes de l’Inrae pour le gĂ©notypage du microbiote. Des sujets de recherche viennent de dĂ©marrer pour toutes les questions nutrition, dĂ©pression, et modification du microbiote, avec l’équipe du Pr Cani. En dehors d’Akermansia, d’autres souches de probiotiques sont Ă©galement Ă  l’étude.  

Une conclusion : il est nĂ©cessaire que se mette en place une synergie entre les acteurs de la nutrition : les industriels de l’agro-alimentaires, les ingrĂ©dientistes, les professionnels du complĂ©ment alimentaire, la recherche acadĂ©mique, les professionnels de santĂ©. ​ 

Cette synergie doit permettre de « rĂ©flĂ©chir Ă  des projets Ă  valeur ajoutĂ©e pour l’ensemble des partenaires afin d’impacter la sociĂ©tĂ© en contribuant Ă  la dĂ©finition de recommandations nutritionnelles, Ă  nous protĂ©ger face Ă  des problèmes de santĂ© publique ».  

Demain ?  

Le programme de recherche Silver Brain Food porte sur une alimentation Ă  haute densitĂ© neuro-nutritionnelle individualisĂ©e pour prĂ©venir le dĂ©clin cognitif. DĂ©marrĂ© en avril 2021 (prĂ©vu pour cinq ans) et bĂ©nĂ©ficiant d’une enveloppe de 16,3 M €, il associe Activ’Inside, NutriNeuro, Bordeaux Population Health, Senes Solutions. Seront Ă©tudiĂ©es et apportĂ©es des solutions innovantes. A cĂ´tĂ© des ingrĂ©dients et des aliments Ă  haute densitĂ© neuro-nutritionnelle, seront apportĂ©es des solutions digitales de coaching B2B et B2C. In fine, la prĂ©vention de certaines pathologies avec cette approche devrait, outre ĂŞtre efficace, avoir un bien moindre coĂ»t pour la sociĂ©tĂ©. Une estimation ? moins de 1000 € / an pour diminuer de 50 % le risque de dĂ©velopper la maladie d’Alzheimer.  

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