Trouble de l'anxiété sociale : un lien avec le microbiote intestinal

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11.01.2024

Une très récente étude (1) suggère que le microbiote intestinal joue un rôle dans la réponse excessive engendrée par la peur sociale. Le microbiote pourrait à terme constituer une cible thérapeutique permettant de diminuer l’impact de la « peur sociale. »

Protocole

Dans un modèle animal (souris), les chercheurs de APC Microbiome (Irlande) et de l’University College de Cork ont utilisé la technique de la transplantation du microbiote fécal (faecal microbiota transplants – FMT) pour transplanter du microbiote obtenu soit chez des personnes présentant un trouble d’anxiété sociale (TAS), soit sur des témoins.

Une fois transplantées, les souris ont subi une batterie d’évaluations comportementales (peur sociale, sociabilité, niveau d’anxiété, nage forcée, etc.) ; des échantillons fécaux, le tissu iléal et les niveaux d’hormones ont été également analysés. Le transit et la motilité gastro-intestinaux ont également été évalués.

Résultats

Trois espèces bactériennes sont plus abondantes chez les souris du groupe TAS : Bacteroides nordii, Bacteroides cellulosiyticus, Phocaeicola massiliensi.

Les résultats montrent une diminution significative des interactions sociales chez les souris TAS sans différence observée en ce qui concerne les paramètres « non-sociaux ».

Les souris ayant reçu du microbiote de patients atteints de TAS présentaient une sensibilité accrue spécifique à la peur sociale sans affecter les autres comportements testés.

Par ailleurs, les dosages hormonaux et les analyses tissulaires indiquent que le microbiote TAS entraine une diminution de l’hormone du stress (corticostérone) et de l’immunité périphérique.

Conclusion

Bien que les souris ayant reçu le microbiote du TAS aient eu des comportements normaux lors d’une batterie de tests conçus pour évaluer la dépression et les comportements généraux de type anxieux, elles présentaient une sensibilité accrue à la peur sociale, un modèle de TAS. Cette réponse distincte à la peur sociale s’accompagne de modifications de la fonction immunitaire centrale et périphérique et de l’expression de l’ocytocine. Ces travaux démontrent l’existence d’une base pour les réponses à la peur sociale et font du microbiome une cible thérapeutique potentielle pour la dépression saisonnière.

Comprendre

Le trouble d’anxiété sociale (TAS) est un trouble psychiatrique invalidant caractérisé par une peur ou une anxiété intense dans les situations sociales et leur évitement. Cependant, la biologie sous-jacente du TAS n’est pas claire et de meilleurs traitements sont nécessaires.

Le trouble d’anxiété sociale (ex-« phobie sociale ») fait partie des troubles anxieux, tout comme l’état de stress post-traumatique et les TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs).

Elle se caractérise par une peur intense des situations dans lesquelles la personne phobique est confrontée aux regards des autres. Cette peur devient rapidement une angoisse profonde lorsqu’elle est amenée à prendre la parole devant un groupe de personnes ou simplement lorsqu’elle est observée par des personnes ne faisant pas partie de son entourage.

Le fait d’être exposée au regard et au jugement des autres crée, pour la personne souffrant de phobie sociale, une anxiété importante nourrie par la crainte d’agir de façon humiliante ou embarrassante. Elle s’isole donc peu à peu afin d’éviter ces situations qui provoquent chez elle un malaise important.

Les personnes souffrant de phobie sociale cherchent à éviter à tout prix les situations angoissantes où elles doivent entrer en contact avec d’autres individus. Elles sont tout à fait conscientes de leur difficulté et tarderont souvent à consulter car elles ont souvent honte de leur trouble. Elles ont d’ailleurs très souvent une faible estime d’elles-mêmes.

2 à 4% de la population serait atteinte de phobie sociale. Elle toucherait davantage les femmes que les hommes et débuterait à l’adolescence.

(1) « Social anxiety disorder- associated hut microbiota increases social fear ». Cryan J.F et al. Neuroscience. 26 décembre 2023.

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