Quand la gueule de bois s'invite et trouble ...

A l’heure où commence le Dry January (un mois sans alcool après les excès – pour certains – des fêtes de fin d’année), passage en revue de quelques compléments qui entendent se positionner contre la « gueule de bois. »

C’est sous le nom de Hang-Over (on ne peut être plus explicite) que Hedonist Labs propose un complément alimentaire, Made in France, qui « favorise la récupération après consommation d’alcool » en optimisant l’hydratation, en soutenant la fonction hépatique, en favorisant l’élimination des toxines et en prévenant les dommages corporels.

Au cœur de la formule, la N-acétyl-cystéine – un piégeur de radicaux libres. Molécule associée à des vitamines C et B6 et à des extraits de plantes (gingembre, ginseng, mélisse, rhodiole).

• Le laboratoire suédois Myrkl (miracle en le prononçant à l’anglaise) a lancé fin 2022 des gélules à consommer « avant de boire » (sic) contenant également de la L-cystéine et de la vitamine B12, toutes deux d’origine bactérienne.
• A l’instar de ces deux premières références, Alcoool de la société Nonna Lab revendique un positionnement vegan. La boisson renferme des extraits de poire Nashi (présentée comme pouvant éliminer les toxines de l’alcool), de figue de Barbarie (soulagement de la gueule de bois), de goji, de chardon marie, de ginseng, et apporte vitamines C et B – dont la B3 ou niacine – (pour réduire la fatigue).
• Nature’s Finest propose Haltz, une poudre (pot de 120 g) destinée à être consommée avant ou après la consommation d’alcool. Composition de la poudre : vitamine C, complexe de vitamines B (B1, B2, B5, B6, B9, B12), magnésium, gluconate de zinc, extrait de chardon-marie, dihydromyricétine (flavonoïde extrait d’Ampelopsis grossedentata).
• SuperSmart surfe également sur la présence de dihydromyricétine, incorporé dans des gélules vendues sous le nom éponyme. De la même société, Alcohol Detox, des gélules aux extraits standardisés en chardon-marie et de Picrorhiza kurroa, chlorhydrate de L-cystéine, sodium R-lipoate, thiamine, vitamine C.

Un (trop) large spectre de positionnements

Ces formules « anti-gueules de bois » visent pour la plupart d’entre elles la réhydratation, la lutte contre la fatigue, la détoxification hépatique, etc. De fait, des ingrédients sont quasi incontournables dans les formules de ces compléments : vitamines, L-cystéine, électrolytes. Auxquels s’ajoutent des actifs plus novateurs – la plupart sont des extraits de plantes.

Pour autant, ces compléments n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. Les marques communiquent sur des taux de satisfaction consommateurs particulièrement flatteurs. Exemple l’étude menée sur l’utilisation d’Hang-Over auprès d’une cinquantaine de personnes de 25 à 65 ans, qui a montré un taux de satisfaction de 96 % (réduction moyenne de 62% des symptômes allant jusqu’à 68% pour la réduction de l’intensité des maux de tête).

Les marques qui ont développé ces formules sont disponibles sur des sites de vente en ligne mais aussi dans des officines.

Une communication tendancieuse

C’est là où le bât blesse : comment des officines peuvent-elles référencer des compléments dont le positionnement flou peut être vécu comme une incitation à consommer davantage d’alcool, avec des noms de marques (Hang Over, Alcohol Detox, Alcool pour ne citer qu’elles) plus qu’explicites ?

A l’heure où les pharmacies entendent se positionner de plus en plus comme des acteurs clés de la santé, elles ne peuvent en même temps surfer sur la vague soulevée par de tels compléments. Il y va de leur crédibilité.

Une crédibilité qui est mise à mal pour le secteur des compléments alimentaires au moment où ces derniers sont de plus en plus plébiscités par les consommateurs pour leur naturalité, pour leur efficacité, et surtout parce qu’ils apportent une réponse à des problématiques santé « sérieuses » (immunité, santé de la femme, stress, etc.).