Les protéines d'insectes, une filière d'avenir ?

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03.09.2024

La filière tricolore des insectes est à un tournant de son histoire*. Certes, la plupart des start-up du secteur sont encore dans une phase pilote ou pré-industrielle. Mais les deux prétendants au titre de leader mondial – les français Ynsect et Innovafeed – viennent de lancer leur production à grande échelle. De quoi faire décoller la production de protéines d’insectes qui devrait passer le cap de l’industrialisation et atteindre 870 000 tonnes en Europe en 2030 pour un chiffre d’affaires de 3,2 milliards d’euros, contre 20 tonnes en 2023 (hors déjections d’insectes et alimentation humaine).

Les industriels produisent des farines protéinées pour les poissons d’élevage et les animaux domestiques, des huiles utilisées comme compléments alimentaires pour les volailles et les porcins tandis que les déjections d’insectes servent d’engrais à l’agriculture. 

Entre la hausse de la population mondiale et la transition protéique dans les pays émergents, la demande en protéines devrait exploser dans les années à venir et ainsi menacer la soutenabilité du système alimentaire mondial. Sauf à remplacer les protéines animales de l’alimentation humaine et les protéines végétales destinées à nourrir le bétail. Si des opportunités existent en nutraceutique et nutrition sportive, les perspectives restent modestes sur le premier marché en raison des réticences des consommateurs vis-à-vis de l’entomophagie.  Elles s’avèrent en revanche prometteuses pour l’aquaculture et le petfood. Toutefois, la filière doit composer avec certains freins, à commencer par un déficit de compétitivité prix faute de volume suffisant. Le soja coûte ainsi environ trois fois moins cher que les farines d’insectes. Des incertitudes subsistent également à propos de l’empreinte carbone de la filière et de sa capacité à réduire les besoins en nouvelles surfaces agricoles.

Aujourd’hui, deux grands modèles économiques s’affrontent. Ynsect, Innovafeed et Agronutris ont ainsi choisi un modèle gourmand en capitaux qui consiste à intégrer toute la chaîne de valeur dans des fermes géantes automatisées. Invers et La Compagnie des insectes, entre autres, ont, quant à eux, opté pour un modèle décentralisé dans lequel les phases d’élevage sont sous-traitées à des fermes partenaires. Privilégié par la plupart de la vingtaine de start-up recensées dans l’Hexagone par les experts de Xerfi, ce business model présente l’avantage de diluer les risques et de réduire la complexité des projets. 

Si les deux leaders mondiaux, Ynsect et Innovafeed, ont respectivement levé 480 millions d’euros et 450 millions depuis leur création, la donne a changé avec la hausse des taux. L’accès au capital devient plus difficile et les exigences de rentabilité des investisseurs sont plus prégnantes dans les choix des entreprises. Dans ce contexte, un écrémage du secteur semble inévitable dans les mois à venir. 

*Etude Xerfi « Le marché des insectes à l’horizon 2030 – Les perspectives dans l’alimentation animale et humaine et les défis de l’industrialisation de la filière » 

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