Les compléments alimentaires en France

Partage : Icone facebook Icone Linkedin Icone twitter

09.05.2025

Peu de secteurs d’activité peuvent se targuer de présenter un bilan aussi « flamboyant » que celui des compléments alimentaires. Selon les données IQVIA, à fin décembre 2024, les ventes en France des compléments alimentaires (tous circuits confondus) ont représenté 2 924 M € en croissance versus 2023 de +5,7 %.

La dynamique de la pharmacie

Les ventes de compléments alimentaires dans le circuit officinal on atteint, à fin décembre 2024, 1 611 M€ (+8,2 %, +7 % en volume). Une performance qui ne se dément pas année après année et se renforce – du moins pour certaines familles de compléments alimentaires, comme la vitalité et l’immunité, dont les ventes ont progressé en 2024 de +16,4 % à 382 M €. La position dominante de ce segment est continue depuis la pandémie mondiale.

Deux autres offres produits sont au coude à coude : les compléments pour la digestion (263,8 M €, +3,3 %) et ceux pour l’humeur-stress-sommeil (262 M €, +4,6 %). Concernant cette dernière famille, s’il est incontestable que les Français ont pris la pleine mesure de leurs problématiques de stress et de sommeil, le recours aux compléments alimentaires n’est pas à la hauteur des attentes du marché (NDLR : un tiers des Français souffrent de perturbations liées au stress ; un quart a déjà traversé un épisode dépressif). Vraisemblablement parce que l’offre produits se heurte à la domination des médicaments (anxiolytiques par exemple) – plus de 2 Français sur 10 utilisent des médicaments pour gérer leur stress ou leur dépression (les Français font partie des plus gros consommateurs d’anxiolytiques). Malgré les avancées en matière d’ingrédients d’origine naturelle dont la science a validé les effets positifs sur le stress ou le sommeil, il semble que les solutions offertes par les compléments alimentaires ne rencontrent pas les échos qu’elles méritent auprès des consommateurs. L’explication est peut-être à aller chercher du côté des prix. Exemple avec le Stilnox : les 14 comprimés remboursables à 15 % sont vendus 1,78 €. Soit quasi 10 fois moins qu’un complément alimentaire à base de mélatonine…

Quatre segments représentent 70 % du marché

Comparer médicaments et compléments alimentaires prend tout son sens dans le segment des voies respiratoires. Les compléments qui y sont positionnés ont vu leurs ventes augmenter de +14,7 % (c’est la deuxième plus forte hausse dans l’univers des compléments alimentaires) pour atteindre près de 218 M €. S’il est un marché qui est saisonnier, c’est bien celui des compléments pour les voies respiratoires. Vagues de froid, rhumes, épidémies en tous genres : la France éternue et les ventes de ces compléments aux galéniques diverses (sprays, sirops, gélules, comprimés, etc.) s’envolent.

Même si cela ne s’est pas traduit sur les ventes à fin décembre 2024, la décision du 11 décembre de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé d’inscrire la pseudoéphédrine sur la liste I des médicaments – et donc ne pouvant être délivrée que sur ordonnance médicale – va vraisemblablement impacter positivement ce segment.

Ces quatre premiers segments (tous à plus de 200 M €) représentent 70 % du marché des compléments alimentaires vendus dans les pharmacies. Cette hyperconcentration ne se retrouve pas dans les autres circuits de distribution – dans les magasins bio et les GMS, les quatre premiers « pèsent » 60 % des ventes respectives ; dans les parapharmacies, ils dépassent à peine la moitié.

C’est l’un des paradoxes du marché officinal des compléments alimentaires : à l’exception des compléments pour la beauté (110 M €), aucune autre promesse ne dépasse la barre des 100 M € de ventes.

Des univers curatifs ou préventifs ?

En effet, trois promesses réalisent des ventes comprises entre 50 et 100 M €. Point commun à deux d’entre elles : leurs croissances dépassent celle du marché. C’est le cas des compléments pour les problèmes articulaires (69 M €) et de ceux pour la santé de la femme (55,8 M €) qui ont vu leurs ventes s’accroître de +9,2 % en 2024. Les compléments pour les problèmes génito-urinaires (70 M €), quant à eux, augmentent légèrement moins (+8,1 %).

Concernant cette dernière promesse, à noter que l’essentiel de l’offre est concentrée autour des problèmes liés aux infections urinaires (cystites récidivantes par exemple), une problématique qui concerne dans sa majorité les femmes. Regrouper ce segment avec celui de la santé de la femme propulse les compléments spécifiquement destinés aux femmes à plus de 120 M €. Soit 7,5 % du marché officinal des compléments alimentaires, et surtout cinquième segment.

Les trois segments suivants – ventes entre 40 et 50 M € – ont souffert en 2024, leurs ventes reculant fortement. C’est le cas de la minceur (42 M €) qui affiche une décroissance de -8 %. Alors qu’il y a encore quelques années, cet univers était l’un des plus dynamique – tant en terme de ventes que de lancements de produits, la minceur marque définitivement le pas. Pourtant, dans un contexte qui voit le surpoids et l’obésité se développer fortement, il y a fort à parier que ce segment pourrait profiter d’un retournement de situation. Pour plusieurs raisons. D’une part, surpoids et obésité étant des facteurs de risque pour l’apparition de diabète de type II, lutter contre ces facteurs de risques relève d’une pratique préventive. Quelques laboratoires de compléments alimentaires se sont engagés dans cette voie en apportant des preuves de l’efficacité de leurs formules. D’autre part, la concurrence contre les médicaments anti-obésité est également un levier d’innovation actionné de plus en plus par les fournisseurs d’ingrédients.

Le segment de l’ophtalmologie recule également (-7,1 %). A l’instar de la minceur, cette offre montrait, il y a encore une dizaine d’années, de solides croissances, boostée par la recherche scientifique (cf les études AREDS I et II). Laquelle est pour l’instant en mal de progrès : hormis les formules associant antioxydants (lutéine et zéaxanthine), zinc, oméga 3, il n’y a pas d’alternatives solides capables de venir bousculer ce segment.

La parapharmacie retrouve le sourire

Le circuit de la parapharmacie retrouve des couleurs. Les ventes de compléments alimentaires ont représenté un chiffre d’affaires de 138 M €, en hausse de +7,7 % (et de +5,7 % en volume). Les trois premiers segments composant l’offre dans les parapharmacies affichent de solides croissances. C’est le cas de la vitalité-immunité (31,5 M €) qui progresse de +10,5 %, de la beauté (28,8 M €) en hausse de +12,7 %. Le troisième segment – celui de l’humeur-stress-sommeil – est à +7 % (23,6 M €).

Autre segment historique de la parapharmacie, mais en souffrance celui-là : la minceur dont les ventes (11,5 M €) Les autres promesses présentes en parapharmacie (toutes à moins de 10 M €) affichent des progressions de leurs ventes largement supérieures à celle du circuit (à l’exception des compléments pour la circulation et l’équilibre qui reculent respectivement de -2,4 % et -3 %).

Les augmentations des ventes des compléments dans les voies respiratoires (+15,3 %), les articulations (+17,1 %), la santé de la femme (+13 %) semblent traduire un regain d’intérêt des consommateurs pour les achats en parapharmacie.

Magasins bio et GMS en berne

Que dire de ces deux circuits traditionnels de vente des compléments alimentaires si ce n’est que leurs chiffres d’affaires ont encore reculé en 2024 ? Celui des magasins bio (220 M €) est en nette décroissance de -3,5 %. Tous les segments ont vu leurs ventes reculer – y compris les leaders comme la vitalité (-4 % à 58,5 M €), l’humeur-stress-sommeil (-4 % à 30 M €).

La situation est sensiblement la même dans les GMS : leurs ventes en valeur ont reculé de près de 1 % à 192,2 M € et de -2,6 % en volume (source Nielsen). Seul le segment du sommeil-détente a vu son chiffre d’affaires progresser de +6,7 % à près de 59 M €.

Le soutien de la vente directe et du e-commerce

11 % du marché total français des compléments alimentaires est réalisé via la vente à distance. Son chiffre d’affaires a augmenté de +4,6 % à 316 M € – ce qui place ce circuit au deuxième rang derrière la pharmacie. La vente directe, quant à elle, 2024 a été synonyme de performance : son chiffre d’affaires a bondi de +7,1 % et a atteint 285 M €.

Ces deux modèles de distribution sont en train de rebattre les cartes du marché des compléments alimentaires. S’ils arrivent à proposer conseils (le point fort des pharmacies) et produits de santé naturelle (et répondre aux souhaits des consommateurs et à la limitation des médicaments pour certaines catégories – voies respiratoires par exemple), ces deux circuits ont encore de beaux jours devant eux…

Repères

En 2024, le marché total officinal a frôlé les 46 Mrds €, en hausse de +5,1 % par rapport à 2023 (données sell-out à fin décembre 2024). Les produits de prescription – 80 % du marché total, à 37 Mrds € – ont connu une plus forte progression : +6,1 %. Plus forte en tout cas que celle des produits non prescrits : +1,3 % à 9,1 Mrd €.

Le marché total des produits de 1er recours (automédication, compléments alimentaires, dispositifs médicaux) a dépassé les 4,5 Mrds € en 2024, en progression donc de +2,2 %. Source OpenHealth Company


Dietary supplements in France

Few sectors can boast such impressive results as dietary supplements. According to IQVIA data, at the end of December 2024, sales of dietary supplements in France (all channels combined) amounted to €2.924 billion, up 5.7% compared to 2023.

The momentum of pharmacies

Sales of dietary supplements in pharmacies reached €1,611 million at the end of December 2024 (+8.2%, +7% in volume). This performance has remained steady year after year and is growing stronger, at least for certain families of dietary supplements, such as vitality and immunity, whose sales grew by 16.4% in 2024 to €382 million. This segment has maintained its dominant position since the global pandemic.

Two other product ranges are neck and neck: digestive supplements (€263.8 million, +3.3%) and mood-stress-sleep supplements (€262 million, +4.6%). With regard to the latter category, while there is no doubt that the French have fully recognised their stress and sleep issues, the use of dietary supplements is not meeting market expectations (editor’s note: one third of French people suffer from stress-related disorders; one quarter have already experienced a depressive episode). This is probably because the product offering is hampered by the dominance of medicines (e.g. anxiolytics) – more than two in ten French people use medicines to manage their stress or depression (the French are among the biggest consumers of anxiolytics). Despite advances in natural ingredients whose positive effects on stress and sleep have been scientifically proven, it seems that the solutions offered by dietary supplements are not getting the response they deserve from consumers. The explanation may lie in the price. Take Stilnox, for example: 14 tablets, 15% of which are reimbursed, are sold for £1.78. That’s almost 10 times less than a melatonin-based dietary supplement…

Four segments account for 70% of the market

Comparing medicines and dietary supplements makes perfect sense in the respiratory tract segment. Sales of supplements in this segment rose by 14.7% (the second highest increase in the dietary supplement market) to nearly £198 million. If there is one market that is seasonal, it is that of respiratory supplements. Cold spells, colds, epidemics of all kinds: France is sneezing and sales of these supplements in various forms (sprays, syrups, capsules, tablets, etc.) are soaring.

Although this did not translate into sales at the end of December 2024, the decision on 11 December by the French National Agency for Medicines and Health Products Safety to include pseudoephedrine on List I of medicines – meaning it can only be dispensed on prescription – is likely to have a positive impact on this segment.

These first four segments (all worth more than €200 million) account for 70% of the market for food supplements sold in pharmacies. This hyperconcentration is not found in other distribution channels – in organic shops and supermarkets, the top four account for 60% of sales; in parapharmacies, they barely exceed half.

This is one of the paradoxes of the pharmacy-based dietary supplement market: with the exception of beauty supplements (€110 million), no other claim exceeds €100 million in sales.

Curative or preventive?

Three claims generate sales of between €50 million and €100 million. Two of these have something in common: their growth exceeds that of the market. This is the case for supplements for joint problems (€69 million) and women’s health (€55.8 million), which saw sales increase by +9.2% in 2024. Supplements for genitourinary problems (€70 million) grew slightly less (+8.1%).

With regard to the latter promise, it should be noted that most of the offering is concentrated around problems related to urinary tract infections (e.g. recurrent cystitis), an issue that mainly affects women. Combining this segment with women’s health propels supplements specifically intended for women to over €120 million. This represents 7.5% of the pharmacy market for dietary supplements and, more importantly, the fifth largest segment.

The next three segments – with sales between €40 million and €50 million – suffered in 2024, with sales falling sharply. This is the case for slimming products (€42 million), which saw an 8% decline. While just a few years ago this was one of the most dynamic segments in terms of both sales and product launches, slimming products are now definitely slowing down. However, in a context of rising overweight and obesity rates, it is likely that this segment could benefit from a turnaround. There are several reasons for this. On the one hand, as overweight and obesity are risk factors for the development of type II diabetes, combating these risk factors is a preventive measure. A few dietary supplement manufacturers have taken this approach by providing evidence of the effectiveness of their formulas. On the other hand, competition with anti-obesity drugs is also driving innovation among ingredient suppliers.

The ophthalmology segment is also declining (-7.1%). Like slimming, this market was showing solid growth a decade ago, boosted by scientific research (see AREDS I and II studies). However, progress has stalled for the time being: apart from formulas combining antioxidants (lutein and zeaxanthin), zinc and omega 3, there are no solid alternatives capable of shaking up this segment.

Parapharmacy is smiling again

The parapharmacy channel is back on track. Sales of food supplements generated turnover of €138 million, up 7.7% (and 5.7% in volume). The top three segments in the parapharmacy offering posted solid growth. This is the case for vitality and immunity (€31.5 million), which grew by 10.5%, and beauty (€28.8 million), which rose by 12.7%. The third segment – mood, stress and sleep – grew by 7% (€23.6 million).

Another long-standing segment of the parapharmacy market, but one that is currently struggling, is slimming, with sales of £11.5 million. slimming, whose sales (€11.5 million) Other promising areas in parapharmacy (all with sales of less than €10 million) posted sales growth well above that of the channel as a whole (with the exception of circulation and balance supplements, which fell by 2.4% and 3% respectively).

Sales increases for respiratory supplements (+15.3%), joint supplements (+17.1%) and women’s health supplements (+13%) seem to reflect renewed consumer interest in parapharmacy purchases.

Organic shops and supermarkets in decline

What can be said about these two traditional sales channels for food supplements other than that their turnover fell again in 2024? Organic shops (€220 million) saw a sharp decline of 3.5%. All segments saw their sales decline, including leaders such as vitality (-4% to €58.5 million) and mood-stress-sleep (-4% to €30 million).

The situation is much the same in supermarkets: sales value fell by almost 1% to €192.2 million and volume by 2.6% (source: Nielsen). Only the sleep and relaxation segment saw its turnover increase by 6.7% to nearly €59 million.

Support from direct sales and e-commerce

11% of the total French food supplement market is generated through distance selling. Its turnover increased by +4.6% to €316 million, placing this channel in second place behind pharmacies. Direct sales, meanwhile, performed well in 2024, with turnover jumping +7.1% to €285 million.

These two distribution models are reshaping the food supplement market. If they can offer advice (the strong point of pharmacies) and natural health products (and meet consumer demands and restrictions on certain types of medication, such as for respiratory conditions), these two channels have a bright future ahead of them.

Key figures

In 2024, the total pharmacy market was close to €46 billion, up 5.1% compared to 2023 (sell-out data at the end of December 2024). Prescription products – 80% of the total market, at €37 billion – saw stronger growth: +6.1%. This was in any case higher than the growth in non-prescription products: +1.3% to €9.1 billion.

The total market for first-line products (self-medication, food supplements, medical devices) exceeded €4.5 billion in 2024, representing growth of +2.2%. Source: OpenHealth Company.

Actif logo

Ce contenu est reservé aux abonnés

Logo Actif's connect

Toute l’actu nutraceutique en un clic :