JFN : les actifs végétaux portent l'innovation

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18.01.2024

Les Journées Francophones de Nutrition édition 2023 ont affiché un record de participation pour son édition en direct de la Canebière, avec 2 300 inscrits lors de ces trois jours de conférences qui se sont tenus du 6 au 8 décembre 2023 au Palais des Congrès à Marseille.

Au programme, de nombreuses sessions abordant les principales thématiques de recherche en Nutrition Santé prenant désormais davantage en compte les enjeux actuels de durabilité mais également des interventions plus innovantes au sujet de nutriments d’intérêt (oméga 3, fibres…) et/ou d’actifs végétaux.

Si les résultats présentés concernent principalement des modalités d’intervention à l’échelle pré-clinique (in vitro, in vivo chez l’animal), ils révèlent cependant des pistes de recherche d’intérêt dans le cadre de la prévention et de la prise en charge de pathologies chroniques. Les problématiques de surpoids et d’obésité, d’hypertension artérielle ou encore le déclin cognitif, au centre des préoccupations de santé actuelles des consommateurs, étaient tout particulièrement ciblés.

Retour sur quelques prises de parole (communications orales ou posters commentés) concernant des actifs végétaux qui ont retenu l’attention de NutriFizz, agence de conseil en nutrition et innovation lors des JFN 2023.

TOTUM-854, un mélange innovant d’extraits végétaux, induit une réduction de la pression artérielle, associée à un remodelage aortique, un effet antioxydant et une modification du microbiote

L’hypertension artérielle (HTA) est considérée comme la première pathologie chronique avec 1,3 milliard de personnes diagnostiquées dans le monde en 2019. Depuis longtemps maintenant, les polyphénols ont démontré des effets prometteurs en termes de régulation de la pression artérielle. Forte de ce constat, la société Valbiotis a développé un mélange innovant de six extraits de plantes, TOTUM-854, pour contrôler et prévenir le risque de développer une hypertension artérielle.

Les effets sur la pression artérielle d’une administration chronique de TOTUM-854 (8 semaines) ont été étudiés chez un modèle de rat qui développe une hypertension sppontanée (rat SHR). Le suivi de la tension artérielle était assuré par un système de télémétrie avec capteurs implantés au niveau de l’aorte abdominale des animaux et des prélèvements (plasma, fécés, tissu aortique) ont permis de suivre l’évolution des groupes en fonction de leur traitement (TOTUM-854 vs placebo) sur :

-l’activité antioxydante : SOD plasmatique ;

-l’activité du microbiote intestinal : dosage des acides gras à chaînes courtes (AGCC) et analyse de la composition du microbiote intestinal par séquençage taxonomique ADNr 16S).

Les premiers résultats ont démontré :

  • une réduction de la pression artérielle systolique et diastolique à partir de la 2ème semaine de supplémentation avec TOTUM-854 et qui se maintenait par la suite ;
  • un effet antioxydant au niveau circulant mais également directement au niveau aortique qui se caractérisait par une amincissement de la paroi aortique en fin d’étude chez les animaux supplémentés en TOTUM-854 ;
  • un changement en termes d’abondance, de richesse et de diversité du microbiote intestinal constaté au sein du groupe traité, notamment concernant deux genres bactériens associés à l’hypertension artérielle :
  • le genre de la famille Prevotella, communément retrouvé chez des sujets hypertendus et dont l’abondance était réduite avec TOTUM-854 vs
  • le genre de la famille Rosburia, habituellement présent chez les sujets sains et diminué chez les sujets hypertendus, dont l’abondance était par contre augmentée avec TOTUM-854.

Aux vues de ces premiers résultats pré-cliniques, TOTUM-854 apparaît donc comme une piste d’intervention au potentiel d’efficacité intéressant pour prévenir l’hypertension artérielle, mettant en jeu notamment deux mécanismes d’action :

  • un effet antioxydant qui protège la structure de l’aorte du remodelage tissulaire et favoriserait ainsi une fonction vasculaire saine,
  • une modification du microbiote intestinal qui induit une augmentation de la production d’AGCC (acétate) qui pourrait jouer un rôle immunomodulateur systémique.

De nouvelles études pré-cliniques sur d’autres modèles validés d’HTA primaire sont en cours ainsi que des études sur modèles ex-vivo / in vitro pour mieux comprendre la métabolisation de ce composé chez l’homme ainsi que les effets sur un modèle de cellules endothéliales humaines. D’autres études concernant l’HTA métabolique sur modèle de rats soumis à un régime riche en gras et sel induisant une HTA seront également envisagées avec mesure de la réactivité vasculaire.

Autant de preuves scientifiques à venir pour objectiver l’efficacité potentielle chez l’homme de ce mélange innovant d’extraits végétaux.

Sur la base des données communiquées dans le cadre de la présentation du e-Poster de Doriane Ripoche (Chargée de Recherche au Centre R&D de Riom, Société Valbiotis) à l’occasion de la session de posters commentés n°11 : Nutrition en pathologie – Session 2, JFN 2023 – Marseille.

Quels sont les effets d’extraits végétaux, d’oméga-3 et de leur combinaison sur la prévention du déclin cognitif lié à l’âge ?

De 15 % à 20% de la population âgée de 65 ans et plus souffre de déclin cognitif lié à l’âge, qui peut être associé à une inflammation à bas bruit, au stress oxydatif, à une diminution de la neurogénèse ou encore à une dysbiose intestinale. La nutrition apparaît alors comme une solution intéressante pour prévenir ces altérations cognitives et l’intérêt de plusieurs catégories de nutriments est actuellement mis en avant, comme par exemple :

– les poplyphénols et leurs propriétés antioxydantes et neuroprotectrices ;

– les caroténoïdes et leurs propriétés anti-inflammatoires et anxiolytiques ;

– les oméga 3 et leurs propriétés immunomodulatrices et neuroprotectrices.

Le projet Silver Brain Food lancé par Activ’inside en collaboration avec les Unités de Recherche NutriNeuro et Bordeaux Population Health ainsi qu’un consortium d’industriels, s’est intéressé à comprendre si la combinaison de ces trois catégories de nutriments pouvait permettre de prévenir le déclin cognitif lié à l’âge.

Une première étude pré-clinique menée sur un modèle de souris âgées présentant un vieillissement accéléré (injection de D-galactose pendant 8 semaines) a mesuré l’évolution des capacités cognitives (Labyrinthe en Y + mesures de marqueurs inflammatoires et de stress oxydatif au niveau de l’hippocampe + analyse du microbiote intestinal par receuil des fécès ) dans le cadre d’une supplémentation en oméga 3 (DHA) ou en extraits végétaux (polyphénols et caroténoïdes) ou combinée en oméga 3 et extraits végétaux (Coban et al., 2013).

Toutes les supplémentations testées permettaient de prévenir les altérations cognitives induites par l’injection de D-galactose notamment via des modulations biochimiques.

L’injection de  D-galactose engendrait un profil pro-oxydant (augmentation de la catalase) et pro-inflammatoire (augmentation de TGF-ß) alors que les animaux supplémentés en extraits végétaux ou en oméga 3 + extraits végétaux présentaient un profil anti-oxydant et anti-inflammatoire (uniquement pour la combinaison d’oméga 3 et extraits végétaux).

L’injection de D-galactose engendrait également une diminution de la diversité du microbiote intestinal, que la supplémentation en oméga 3 + extraits végétaux permettait de rétablir. Plus particulièrement, l’injection de D-galactose engendrait une plus grande abondance d’une population bactérienne corrélée positivement avec une augmentation de l’infllammation (Lachnoclostridium) alors que les animaux supplémentés en extraits végétaux ou en oméga 3 et extraits végétaux présentaient une diminution de Lachnoclostridium et une augmentation de Candidatus Saccharimonas (corrélée positivement à des effets anti-inflammatoires et à l’homéostasie intestinale).

Les polyphénols, caroténoïdes et oméga 3 ne semblent donc pas moduler les mêmes voies de signalisation. Cette étude démontre donc l’intérêt de les combiner pour prévenir les altérations cognitives générées dans ce modèle de vieillissement accéléré, en ciblant les différents processus biologiques induits par l’âge (stress oydatif, inflammation, dysbiose).

Une étude pré-clinique sur souris âgées sans vieillissement accéléré puis une étude clinique chez des personnes âgées de plus de 65 ans sont envisagées afin de confirmer ces premiers résultats prometteurs.

Sur la base des données communiquées dans le cadre de la présentation du e-Poster de Marie Martin (Etudiante en thèse au Laboratoire INRAE NutriNeuro, Bordeaux) à l’occasion de la session de posters commentés n°8 : Prise alimentaire et fonction cérébrale, JFN 2023 – Marseille.

La fucoxanthine, un caroténoïde d’origine algale, stimule la fonction mitochondriale et limite le stress oxydant et l’accumulation des lipides dans des cellules épithéliales intestinales

L’intestin est un organe métaboliquement très actif, qui consomme environ 20% de l’oxygène de l’organisme alors qu’il ne représente que 5% du poids d’un individu. Au niveau des cellules épithéliales, la production d’énergie par les mitochondries se fait sous forme d’ATP qui assure un certain nombre de fonctions contribuant à l’homéostatie intestinale comme le renouvellement et le maintien de la barrière épithéliale, l’absorption de nutriments et la synthèse de différentes molécules comme les glycoprotéines du mucus. Or, depuis quelques années, de nombreux travaux ont montré l’existence d’un dysfonctionnement au niveau mitochondrial dans différentes conditions physiopathologiques comme les Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin (MICI) ou l’obésité.

Dans ce contexte, les études menées par l’équipe de Gaëlle Boudry de l’Institut Numecan à Rennes ont pour objectif d’identifier des molécules permettant de soutenir la fonction mitochondriale à l’appui de l’homéostasie intestinale. C’est le cas de la fucoxanthine, un caroténoïde naturellement présent dans les algues brunes ou certaines micro-algues associé à des propriétés anti-oxydantes bien documentées (Sachindra et al., 2009 ; Liu et al., 2011) mais également à des effets sur la mitochondrie dans différents tissus et cellules (muscle, tissu adipeux, hépatocytes, macrophages…).

Dans un premier temps, la fucoxanthine a été testée sur un modèle in vitro de cellules intestinales (jéjunum) porcines (IPEC-J2) dont le métabolisme repose plus sur la phosphorylation oxydative à l’image des celulles épitéliales humaines, par rapport à d’autre modèles de cellules intestinales comme les CacO2. Dans ces conditions, il a été démontré que la fucoxanthine stimulait la fonction mitochondriale sans augmenter la production d’ATP, tout en exerçant un effet anti-oxydant.

L’évaluation des effets in vivo de la fucoxanthine serait ainsi très judicieuse en cas de surcharge énergétique dans le but de dissiper un surplus d’énergie sans générer de stress oxydant ou dans le cadre d’un état inflammatoire. C’est notamment le cas en situation d’obésité mais pas dans le cadre des MICI où les besoins énergétiques sont augmentés pour assurer la réparation épithéliale de l’intestin. De futures études cliniques permettant de mieux décrire l’intérêt de la fucoxanthine, composé d’origine naturelle, dans le cadre de la recherche de stratégie de lutte contre l’obésité seraient donc pertinentes à mener à l’avenir.

Sur la base des données communiquées dans le cadre de la présentation de Gaëlle Boudry (Directrice de Recherche à l’Institut Numecan, Rennes) à l’occasion de la session de communications orales  n°01 : Physiologie digestive et microbiote, JFN 2023 – Marseille.

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